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Nofinofy

2019, documentaire, 73 min, couleur

Réalisation : Michaël Andrianaly

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Roméo tient un modeste salon de coiffure dans le centre-ville de Tamatave, à Madagascar.

Images

Résumé

A Tamatave à Madagascar, Roméo tient un modeste salon de coiffure dans le centre-ville, qu’il se voit obligé de quitter après que la mairie a donné l’ordre de détruire le bâtiment. Évincé sans ménagement par les autorités, il quitte la grand-rue où le commerce est plutôt florissant pour un quartier périphérique où il installe un "kiosque" de fortune, de tôles et de planches, bientôt balayé par un cyclone. Les clients manquent et les amis défilent pour partager leurs inquiétudes sur la précarité grandissante et la corruption omniprésente.

Dès les premières minutes, Michaël Andrianaly donne à voir l’éviction de Roméo que certains voudraient lui interdire de filmer : "Vous n’êtes pas un vrai journaliste. Effacez ces images devant nous." Pour contourner la censure, le film se concentre alors dans l'exiguïté du deuxième salon sur les conversations entre Roméo et ses clients ingénieusement reflétés dans le miroir ; parfois le petit poste de radio distille nouvelles et discours politiques. Ce microcosme fait écho à ce que l’on ne peut voir : précarité, manifestations et répressions politiques. De nombreuses séquences tournées la nuit permettent la libération de la parole et l’émergence d’instants plus poétiques, annoncés déjà par le titre ("rêve" en malgache). Le film ne s’enferme jamais dans un constat misérabiliste mais emprunte le chemin de l’espoir. Roméo poursuit son rêve qui consiste à avoir le privilège de toucher la tête des autres, un "honneur". A force de se battre, il obtient enfin son salon en dur. En craquant sur l'épaule de son ami - "j’en ai plein le cœur" - il exprime autant sa joie que les sacrifices auxquels il a dû consentir.

(Joffrey Speno)

Cinéma du Réel 2019 : Prix de l'Institut français - Louis Marcorelles ; Prix Loridan-Ivens-CNAP.

Descriptif technique

Production
Les Films de la Pluie, Imasoa Film, Tébéo, Tébésud, TVR, Les chaînes locales de Bretagne
Participation
CNC, Région Bretagne, Fonds Images de la francophonie, Procirep, Angoa, Scam
Réalisation
Michaël Andrianaly
Année
2019
Durée
73'
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne

Avis

Sélectionné par

Roméo est coiffeur dans les rues de Tamatave, à Madagascar. Il s’installe de cabanons en cabanons et accueille principalement des hommes en attendant un lieu digne de son art. Symboles d’une débrouille qui devient routine, ces cabanes typiques de l’île, faites de pénombre et de poussière, contrastent avec la lumière de l’extérieur. La caméra est très proche de ces hommes aux visages et postures résignés, témoigne d’un quotidien étriqué mais soigné et créatif. Car à l’image de cette lumière qui pénètre soudainement l’écran lorsque la caméra se tourne vers une fenêtre, les mots semblent d’un soutien essentiel à tous ces corps. Alors ils parlent, parlent et parlent : de tout, de rien, de leur quotidien mais aussi de l’injustice et de leurs colères. La proximité imposée par l’espace n’est plus seulement physique mais aussi intellectuelle. Ainsi, de même que lorsque la caméra sort de la cabane, on respire, lorsqu’enfin quelqu’un engage un discours de colère, voire de militantisme, ou encore éducatif envers les enfants, le soulagement se fait ressentir et l’espoir pointe. Les femmes apparaissent à l’écran tardivement dans ce film qui semble avancer vers la clarté. C’est là son tour de force : utiliser la dureté du lieu pour parler de celle de la vie et savoir ; sortir peu à peu de ce décor pour sortir les pensées de ce quotidien resserré.

(Laura Tamizé, Médiathèque du Rize, Villeurbanne)