C'est sur une interview de Miguel Angel Asturias, prix Nobel de la paix 1967, que s'ouvre ce film, qui montre des images du Guatemala, dont la lumière et les fleuves ont marqué l’enfance de l’écrivain. Ses textes, lus par Anne Alvaro et Christina Chirouze Montenegro, alternent avec les interviews de Claude Couffon, son traducteur en français, Jean-Philippe Barnabé, Amos Segala, Claude Fell et Aline Jancquart.

Né au Guatemala, d’une mère indienne et d’un père avocat qui a fui la dictature, c’est à Paris, en 1924, où il rencontre des intellectuels latino-américains, qu’Asturias approfondit sa connaissance de la culture indienne et découvre sa vocation. Il écrit Légendes du Guatemala dans un style proche du réalisme magique qu’il pratiquera toute sa vie. De retour au Guatemala, il publie Monsieur le Président, antidote contre la dictature qui a marqué sa jeunesse. Avec Les Hommes de maïs, il montre le fossé culturel entre Indiens et métis par rapport au maïs, objet sacré ou de commerce. Puis, en Argentine, il écrit La Trilogie bananière. Pour lui, toute la littérature latino-américaine est engagée, reflet d’une lutte entre humanisme indien ou latin et culture pratique anglo-saxonne. Son activité d’ambassadeur (1966-1970), en contradiction avec celle d’écrivain exilé, est à l’image des oppositions qu’il a su creuser en tant que métis, partagé entre la foi chrétienne et le marxisme.

(Christine Rheys)