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Déménagement (Le)

2011, documentaire, 54 min, couleur

Réalisation : Catherine Rechard

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A la veille de leur transfert dans une nouvelle prison située en périphérie de Rennes, détenus et gardiens s’interrogent.

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Résumé

A la veille de leur transfert dans une nouvelle prison située en périphérie de Rennes, détenus et gardiens s’interrogent. L’ancienne prison manque certes d’hygiène mais par les fenêtres, on peut voir le ciel, des voitures qui passent, parfois quelqu'un qui salue. On y jouit aussi d’une relative liberté de déplacements dans les couloirs. Là-bas, dans la zone industrielle, tout sera moderne et rationnel mais, chacun le pressent, déshumanisé.

Tourné dans la durée, pendant la période qui précède et qui suit le déménagement, le film rend compte, à travers de multiples entretiens individuels, des rapports complexes que les détenus entretiennent avec leur lieu de détention. Certes, ils ne l’aiment pas, mais ils se sentent attachés aux plus petites bribes de liberté qu’il autorise : déambuler entre les étages ou troquer des biens à l’aide de "yoyos", ces fils tendus à travers les barreaux, d’une cellule à l’autre. La prison moderne dans laquelle ils arrivent répond à des normes de sécurité plus élevées, elle permet à davantage de détenus d’avoir une cellule individuelle, de travailler, de pratiquer un sport et même une ou deux fois l’an d’avoir une vie de famille, mais elle atomise les rapports humains. Le grillage quadrillé qui couvre toute la façade, empêchant les regards d’embrasser le ciel et les mains de se tendre par-delà les barreaux, symbolise un enfermement plus radical et quasi mortifère.

(Eva Ségal)

Descriptif technique

Production
Candela Productions, France Télévisions, TV Rennes 35
Participation
CNC, CR Bretagne, Procirep, Angoa
Réalisation
Catherine Rechard
Année
2011
Durée
54'
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne

Avis

Sélectionné par

Le film est fondé sur des entretiens menés avec une poignée de détenus et quelques agents pénitenciers. Cette confiance dans l’équipe de réalisation est sans doute le fruit d’un long travail de préparation, sur lequel repose le succès du film. Catherine Rechard est d’abord photographe et sait remarquablement filmer les espaces carcéraux dans leur rapport à la ville. Elle met également la photographie au service de son film. En montrant les clichés “publicitaires” de la nouvelle prison aux détenus, elle les incite efficacement à exprimer leurs attentes ; elle place aussi le spectateur dans la même attente, en renforçant son empathie à l’égard des prisonniers. Dès lors, les questions d’architecture et d’organisation carcérales deviennent miraculeusement sensibles, et nous entrons de plain-pied dans le quotidien des prisonniers. L’hygiène et le confort se sont significativement améliorés, mais le silence et l’isolement règnent. L’atmosphère générale est à l’apaisement. La violence carcérale semble mise entre parenthèses par les espoirs et les inquiétudes suscités par le déménagement. Ce moment particulier est cependant l’occasion de s’interroger sur l’efficacité de l’enfermement et les conditions d’incarcération dans ces nouveaux centres pénitenciers.

(Julien Farenc, BNF)