Dans la brume hivernale, des cris s’élèvent de la forêt, des silhouettes disparaissent entre les arbres. Les chasseurs des Amis du Pas-Bayard sont à pied d'oeuvre. A leur tête, Alain organise chaque battue d’une main de fer. Dans son rôle de superviseur, il définit les plans de traque, la répartition des chasseurs et arpente en voiture les routes de la forêt muni de son talkie-walkie. Pendant la période de chasse, les dimanches se succèdent et la vie du groupe suit son cours bien ordonné.

Nous voilà embarqués dans la voiture d'Alain. "Le chasseur sert de régulateur", affirme-t-il. Nombre de spécimens observés, de balles tirées, d’animaux abattus : tout doit être consciencieusement relevé. "On donne aux animaux un complément de nourriture qu’ils ne trouvent pas dans la forêt. On a aussi un quota de bêtes et on ne peut pas le dépasser." Alain tient au comportement de son équipe : "Quand un homme a une arme dans les mains, ce n’est plus le même. Avec l’adrénaline qui monte, dès qu’il voit un animal il faut qu’il tire, et c’est triste de voir ça. On ne peut pas faire une équipe solide avec des gens qui ne pensent qu’à eux." Tous les dimanches commencent par une mise au point du président qui en profite pour recadrer ses équipes : "J’ai remarqué qu’il y a de plus en plus de gens qui discutent plutôt que d’essayer de s’occuper de la traque." Après les photos traditionnelles devant les prises du jour, la journée se termine par un dîner convivial. Aujourd'hui est aussi l’occasion d’introniser Kévin, nouveau jeune chasseur, lors d’un rituel potache et morbide.

(Romain Hecquet)