Touriste éternel, le malicieux auteur d'Un Thé au Sahara (1949) nous entraîne dans les rues de Tanger, où il vit depuis près de soixante ans. Ses réflexions sur le Maroc, la musique ou la mort, et l'évocation de ses souvenirs donnent lieu à de courtes mises en situation (avec Paul Bowles dans son propre rôle), insérées dans le montage d'images de la ville, actuelles ou contemporaines de son arrivée.

"Je n'ai pas choisi de m'installer à Tanger, prétend Paul Bowles (1910-1999). Je voulais aller de l'avant, indéfiniment, mais la paresse me fit remettre mon départ." Et lorsqu'il se décida enfin à reprendre la route, les voyages n'étaient plus ce qu'ils étaient et la nostalgie de Tanger s'empara de lui. Porte d'entrée entre l'Occident et l'Afrique, relativement épargnée par les méfaits du monde contemporain, cette ville est pour l'écrivain un lieu stratégique pour assister au déclin de l'Occident. Même si, en dépit des amitiés qu'il y a nouées et de son amour pour la tradition orale et musicale marocaine, il s'y sent toujours un étranger. Faut-il prendre au sérieux toutes ses déclarations ? Qu'importe ! Tant le film nous rend sensible au charme de son impertinent "héros".

(Myriam Bloedé)