En compagnie de Dominique Darzacq, Antoine Bourseiller (1930-2013) évoque son parcours d’homme de théâtre et les nombreuses rencontres qui ont jalonné sa vie. Sur le mode de la conversation intime, c’est tout un pan de l’histoire et du "roman" du théâtre - avec des incursions dans le cinéma -, depuis les années 1940 jusqu’à aujourd’hui, que le metteur en scène, que l’on a qualifié d’héritier d’Artaud, fait revivre devant nous.

De son enfance au Maroc, Antoine Bourseiller rapporte un goût des couleurs, de la musique, ainsi qu’une perception aiguë et sensuelle des corps qui influencera en profondeur son univers artistique et l’identité de ses futurs spectacles. Arrivé à Paris en 1942, il fait ses premières armes comme figurant au TNP de Vilar où il côtoie Gérard Philipe et Maria Casarès. C’est le début d’une carrière marquée par des rencontres exceptionnelles, des aventures artistiques audacieuses, des combats, des enthousiasmes, des succès, des échecs. Des blessures aussi, comme en mai 68 lorsque lui, le "metteur en scène d’avant-garde", est comparé à un "mandarin" du pouvoir culturel. Une vie qui mêle théâtre, cinéma et opéra dans une même soif d’action permanente et de recherche de la nouveauté, où se croisent les figures de Genet, Aragon ou Camus, mais aussi celles de Godard, Rivette ou Varda. De la "morale" de Vilar à "l’insolence" de la Nouvelle Vague.

(Marc Moreigne)