Journaliste et documentariste, Josza Anjembe s’aventure ici du côté de la fiction et réalise un premier court métrage qui sera sélectionné aux Césars en 2018. Seyna, 18 ans, née en France de parents camerounais, vient d’obtenir le bac et souhaite demander la nationalité française. Elle rencontre deux obstacles de taille : son père qui souffre de la voir renoncer à ses origines et sa coupe de cheveux afro qui n’entre pas dans le cadre pour sa photo d’identité.

Le film s’ouvre sur le père de Seyna, fleuriste, qui coupe des épines de roses et transmet son savoir à un apprenti. Sous nos yeux, les tiges se dénudent peu à peu : à la fin, c’est la chevelure de Seyna, trop volumineuse pour une photo officielle, qui doit être coupée. Que doit-on retrancher de soi pour être Français ? Sans violence et loin des clichés, la réalisatrice pose une question très actuelle. Elle assume la visée pédagogique de son propos avec le personnage du petit frère à qui Seyna explique, face à leur père amer, qu’elle est Française puisque née en France. Plus tard, le frère, moins naïf qu’il n’y paraît, ne dira pas au père que Seyna, pour déposer sa demande de nationalité, vient de lui voler sa carte de séjour. Tout au long du film, la caméra tourne autour de ce fameux visage qui n’entre pas dans le cadre : c’est celui de Grace Séri. La jeune actrice est de tous les plans et irradie de sa présence Le Bleu blanc rouge de mes cheveux.

(Martin Drouot)