Entrer dans le processus de création de O.More, pièce créée en 2001 par Bernardo Montet, consiste à retracer un voyage. Au Sénégal puis à Brest, Céline Serrano accompagne chorégraphe et interprètes dans leurs recherches, captant des moments de danse, d’échanges ou de réflexion. Les corps dansent sur du sable, les interprètes investissent des textes lus en différentes langues, ou se tiennent en retrait, là où peut-être pourra surgir un cri.

"L’être humain est pétri de ce qui se passe dans le monde," pense Bernardo Montet. À l’écoute de cette sensation, le chorégraphe ancre son mouvement. État physique, état de conscience où s’inscrit une certaine idée du corps. O.More donne chair à cette idée et dessine un horizon nomade où la danse creuse son identité et questionne l’étranger, ses différents statuts, l’image du double et la violence. Le film accompagne les différentes étapes de cette pièce composée d’interprètes exclusivement masculins : trois musiciens Gnawa et six danseurs aux origines lointaines, Kenya, Gabon, Maroc, Grèce et Côte d’Ivoire. Dans le secret des corps gît une figure identique, celle d’Othello. Ensemble, ils sont les Maures, le chœur d’une seule partition chorégraphique, où s’invente un nouveau poème épique aux rituels énigmatiques.

(Irène Filiberti)