Bertrand, réalisateur indécis (Bertrand Bonello), est à la recherche d’une image de monstre qui pourrait inspirer son prochain film. En compagnie d’une extravagante historienne de l’art (Jeanne Balibar), il arpente les musées de Paris pour s’éclaircir les idées. Dans ce temps de leurs rencontres, sur lesquelles flotte un parfum de séduction, une mystérieuse tache rouge apparaît dans le dos du cinéaste.

Le troisième long métrage d’Antoine Barraud tient autant du romantisme fin de siècle que du film d’avant-garde. Par admiration sans doute, il emprunte à l’univers de Bertrand Bonello certains de ses motifs, tout en brouillant les frontières entre fiction et documentaire. Dans cette histoire baignée de fantastique, le cinéaste joue son propre rôle et l’on verra filtrer au détour d’un plan les extraits d’un de ses films. Cela au nom d’une porosité entre l’art et la vie qui nourrit toutes les ambiguïtés du Dos rouge. Bonello y incarne un esthète maladif, fasciné par l’art jusqu’à l’obsession, jusqu’à devenir lui-même le support d’une tache de peinture envahissante. En visitant monstres et démons, l’art est ici le lieu non seulement d’une tératologie mais aussi celui d’une contagion, d’un vampirisme. L’étrangeté y dévore tout, à commencer par le casting composé de monstres sacrés du théâtre et du cinéma d’auteur : Pascal Greggory, Joana Preiss, Nicolas Maury, Valérie Dréville…

(Sylvain Maestraggi)