Comédien de la troupe des Robins des bois, Pierre François Martin-Laval est aussi réalisateur de comédies. S’il cultive pour Fahim, son sixième film, le ton du feel good movie et que les touches d’humour y sont nombreuses, il se risque à un mélodrame social ancré dans notre époque. Fahim raconte en effet l’épopée d’un petit garçon qui fuit le Bangladesh pour la France où, clandestin, il devient champion de France d’échecs des moins de 12 ans.

Tiré d’une histoire vraie, Fahim documente la fuite du petit garçon et de son père après des révoltes à Dacca en 2010, en mêlant la fiction à des images d’archives. A Paris, Martin-Laval s’attarde sur la vie des clandestins avec force détails réalistes. Si le récit, délibérément optimiste, se concentre sur le trajet de Fahim qui devient champion, il n’édulcore pas la dureté de la déchéance des sans-papiers. Entre le rêve parisien, souligné par des images d’Épinal de la Tour Eiffel, et la réalité de l’accueil français, il y a un monde. La patronne du club d’échecs (Isabelle Nanty) prend d’ailleurs la parole pour interpeler le Premier ministre à la radio : la France est-elle le pays des Droits de l’Homme ou de la Déclaration des Droits de l’Homme ? Au-delà de l’aspect politique, le film vaut surtout pour la performance de Gérard Depardieu en vieil entraineur colérique mais humain, trop humain : il n’est pas sans rappeler le Michel Simon du Vieil Homme et l’Enfant (Claude Berri, 1967).

(Martin Drouot)