Sagan par Sagan, tel est le parti formel adopté ici. À l'exception de quelques photos, archives de presse, actualités filmées, Michelle Porte laisse la parole à l'écrivain (1935-2004) : l'entretien réalisé à Paris, dans le Lot (berceau de sa famille maternelle) et dans sa maison normande ("le seul bien que je possède"), est émaillé d'extraits de magazines télévisés et de citations lues par Jeanne Moreau.

En 1954, la parution de Bonjour tristesse consacre la carrière littéraire de celle que François Mauriac salue comme "un charmant monstre de 18 ans". Traduit en 25 langues et vendu à un million d'exemplaires, ce premier roman s'accompagne de la naissance d'une légende : Saint-Tropez et Saint-Germain, l'argent, la vitesse, les copains, l'alcool, le jeu et les nuits blanches. Sagan, aujourd'hui encore, y souscrit volontiers : ne voit-elle pas dans la mythomanie une forme de gentillesse ? Pourtant, sous le vernis mondain de cette amoureuse des livres (polygraphe et lectrice acharnée, admiratrice de Sartre, Stendhal, Tenessee Williams et Proust auquel elle a emprunté son pseudonyme), pointent la modestie, l'angoisse de la solitude et une certaine amertume.

(Myriam Bloedé)