Dans Sous le soleil de Satan, Georges Bernanos associe au paysage d'une route à l'aube un symbole d'espérance. Pour évoquer la vie de l'écrivain, une vie faite d'incessants déplacements, où la foi chrétienne est indissociable de l'engagement politique, Patrick Zeyen a longuement filmé cette campagne d'Artois qui est le noyau de son oeuvre - à la fois territoire d'enfance et décor de ses romans.

Le fil de ces images contemplatives et silencieuses est interrompu par le fracas de documents d'actualités qui rappellent la part que prit Bernanos à l'histoire de ce siècle et la manière dont celle-ci détermina son oeuvre. S'il y a loin, idéologiquement, de ses débuts comme journaliste militant de l'Action française (1905) à Lettre aux Anglais (1941) - qui fit de lui un inspirateur de la Résistance -, une égale virulence, une même conscience de l'homme libre animent ses textes de critique morale et politique. Marqués par l'angoisse et le déchirement, les romans (tels Journal d'un curé de campagne ou M. Ouine) se concentrent sur le combat des âmes contre le mal, la quête du salut et la présence/absence de Dieu. "J'écris, affirmait-il, pour me justifier aux yeux de l'enfant que je fus."

(Myriam Bloedé)