En 1959, le soulèvement des Tibétains contre l'envahisseur chinois est écrasé dans un bain de sang. De nombreux rescapés parviennent jusqu'à l'Inde proche et s'y installent. La communauté tibétaine y multiplie depuis - en vain - les célébrations et les manifestations demandant l'implication des Nations-Unies pour voir restituer au peuple du Tibet ses droits fondamentaux. Le point sur une tragédie, quarante ans après.

L'essence du bouddhisme est celle selon laquelle "tous les êtres vivants sont fondamentalement égaux, interdépendants et mutuellement indispensables". C'est ce que rappelle Samdhong Rinpoche en évoquant les événements ayant présidé à l'exil de ses compatriotes. Des propos relayés par les images de la grève radicale de la faim de six Tibétains, débutée en Inde le 10 mars 1998 - jour anniversaire du soulèvement de Lhassa - et qui s'achèvera par l'immolation d'un gréviste par le feu après l'intervention brutale de l'armée indienne. Le maître mot de ce peuple martyr : "Satyagraha" (ne pas renoncer). Mais comment préserver la culture et l'identité tibétaines après des décennies d'exil ? Comme le déplorent les anciens, certains jeunes grandis ou nés en Inde "perdent la foi en eux-mêmes et en leur héritage". Mais, pour la plupart des exilés, la conviction reste inébranlable : il y aura une fin à ces ténèbres par la restitution aux Tibétains de leur responsabilité humaine et universelle.

(Doucha Belgrave)