Yvan Pierre-Kaiser et Damien Dupont proposent une traversée de l’œuvre étonnante de Jean Rollin (1938-2010), reconnu comme l’un des éminents auteurs de série B, voire Z, à la française. Filmé quelques temps avant sa disparition, le cinéaste revient sur le parcours personnel qui l’a conduit, au gré d’une filmographie foisonnante, à élaborer entre fantastique, érotisme et surréalisme un univers singulier souvent peuplé de vampires.

Le portrait de l’auteur du Viol du vampire (1968) s’ébauche également au fil des témoignages de spécialistes de son œuvre (Jean-Pierre Bouyxou, Pete Tombs), de ses proches collaborateurs (Philippe Druillet) ou encore de certaines de ses comédiennes (Brigitte Lahaie, Ovidie). Chaque intervention vient éclairer une méthode de travail hors norme qui pourrait caractériser certains projets amateurs : Rollin écrit et tourne vite, se satisfaisant pleinement de la première prise, au risque de laisser paraître une part importante de ratage dans l’ouvrage fini. Rejeté par une partie de la critique, le cinéaste n’a jamais connu de succès commerciaux et s’est enfermé un temps dans la production alimentaire en signant sous pseudonyme des films pornographiques. Jusqu’à la fin de sa vie, il est resté hanté par l’ambition à l’œuvre dans son premier long métrage resté inachevé (L’Itinéraire marin, 1963), écrit en collaboration avec Marguerite Duras et auquel il aurait souhaité pouvoir redonner vie.

(Damien Truchot)