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À seulement vingt minutes de Bichkek, capitale du Kirghizistan, ex territoire soviétique (où le russe est encore langue officielle), s’étend une colline de déchets. Sur cette décharge à l’allure apocalyptique, hommes et femmes fouillent jour et nuit pour survivre, récupérant tout ce qui peut avoir un peu de valeur. Le lieu et ceux qui l’habitent incarnent les deux faces d’une même réalité : celle des marges du système, celle des oubliés.
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Résumé
À seulement vingt minutes de Bichkek, capitale du Kirghizistan, ex territoire soviétique (où le russe est encore langue officielle), s’étend une colline de déchets. Sur cette décharge à l’allure apocalyptique, hommes et femmes fouillent jour et nuit pour survivre, récupérant tout ce qui peut avoir un peu de valeur. Le lieu et ceux qui l’habitent incarnent les deux faces d’une même réalité : celle des marges du système, celle des oubliés.
Les réalisateurs Denis Gheerbrant et Lina Tsrimova filment cette colline à toutes les échelles. Des plans larges, saisissants, montrent ce wasteland aussi bien de nuit —lorsque les déchets en flammes transforment le paysage en un enfer dantesque — que de jour, quand les fumées toxiques stagnent, survolées par les oiseaux charognards. Mais au-delà de cette désolation, c’est l’humain qui reste au centre du film. Caméra à l’épaule, les cinéastes s’approchent des visages, des gestes, des voix. Parmi les figures marquantes : Alexandre, ancien militaire tzigane, formé comme sniper et hanté par la mort de la majorité de son unité, et sa femme, depuis 27 ans, Alina.Tadjikhan, une femme âgée, qui travaillait pour le kolkhoze soviétique avant de l’arrivée de la démocratie, nous raconte le regard ému comment elle a perdu son mari et cinq de ses huit enfants... Son fils, Keyrat, qui arpente la décharge la nuit, une lampe frontale éclairant son chemin à travers les ordures, nous récite par cœur un poème d’amour qu’il a écrit...L’importance de La Colline tient sans doute à son propre geste : redonner la parole (et l’image) là où tout semble condamné au silence. Aller à contresens du système, filmer les marges, refuser l’oubli.
(Nicolas Longinotti)
Descriptif technique
- Production
- Pivonka
- Participation
- Région Île-de-France, Coorigines Production, Naoko Films, Dérives, Julie Frères, Les Films d'Ici
- Réalisation
- Denis Gheerbrant, Lina Tsrimova
- Année
- 2022
- Durée
- 77'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par 
En 2021 Denis Gheerbrandt avait réalisé "Avant que le ciel n'apparaisse" sur un peuple du Caucase, les tcherkesses, avec Lina Tsrimova, historienne, fille de Rouslan Tsrimov, peintre emblématique de cette ethnie. En 2022, Denis Gheerbrandt retrouve Lina Tsrimova pour son nouveau film "La Colline" consacré à une déchetterie située à une dizaine de kilomètres de la capitale du Kirghizistan, Bichkek, au cœur de l'Asie centrale. Denis Gheerbrandt, comme à l’accoutumé, filme sans équipe. Lina Tsrimova mène les entretiens. Ils laissent la parole aux femmes, aux hommes et aux enfants qui trient les détritus : un vétéran de la guerre de Tchétchénie, Alexandre, évoque ses traumatismes ; un jeune homme lit sa poésie ; une femme, Kadjikan, confie qu’elle a perdu cinq enfants et qu’elle se bat pour les trois qui lui restent. Ils habitent dans la décharge, certains sont en couple. Des animaux domestiques leur apportent un peu de réconfort. Ils parlent de l'explosion de l'Union soviétique, de la misère sociale et du monde qui rejette des montagnes de déchets ainsi que certains de ses habitants.
Jacques Puy, BPI - Bibliothèque publique d'information