A l'aide de reconstitutions, d'une riche iconographie, d'extraits de films et des spécialistes de son oeuvre (Madeleine Malthête-Méliès, Paolo Cherchi Usai et André Gaudreault entre autres), Jacques Mény signe un document complet sur la carrière et la filmographie de Georges Méliès (1861-1938). Ce pionnier du cinématographe, homme orchestre à la fois auteur, metteur en scène, décorateur, acteur et producteur, a réalisé en seize ans plus de cinq cents films.

Fils de riches bourgeois parisiens, Georges Méliès trouve sa vocation dans les spectacles de magie. En 1888, il rachète le théâtre Robert-Hourdin boulevard des Italiens, où il développe son art avec succès. Bricoleur, attentif à toutes les nouveautés, il s'empare immédiatement de l'invention des frères Lumière. Dès 1896, alors que les tout premiers films qui circulent sont documentaires, Méliès crée des fictions en filmant ses tours de magie et en adaptant pour le cinéma toutes les ressources de la machinerie théâtrale. Très vite, il invente les effets propres au cinématographe : arrêt caméra, collage, surimpression, qui permettent tous les trucages. De 1897 à 1903, les productions sorties de son studio de Montreuil règnent sans partage et font le tour du monde, grâce aux forains. Mais en 1914, d'autres firmes ont pris en main le marché et Méliès fera faillite. Scénariste génial, "ses loufoqueries funambulesques", longuement analysées ici, sont toujours considérées comme d'avant-garde.

(Marc Guiga)