Catalogue

Lion, sa cage et ses ailes (Le) (1/4)

1976, documentaire, 70 min, noir et blanc

Réalisation : Armand Gatti

Vidéos

En 1976 à Montbéliard, seconde ville ouvrière de France, Armand Gatti lance un projet en placardant une affiche "Un film, le vôtre", destinée aux ouvriers de l’usine Peugeot. Le résultat sera une série de six films "réalisés par les travailleurs migrants", plus un portrait de la "nébuleuse montbéliardaise" et un épilogue. Conditions de travail, licenciements abusifs, usines qui ferment, les mouvements de contestations agitent les milieux ouvriers en France durant les années 1960-70. Peu après de grandes grèves, Armand Gatti, qui ne trouve pas d’aide pour produire un film de fiction, développe un nouveau projet avec la collaboration du Centre culturel de Montbéliard. Les ouvriers immigrés de chez Peugeot vont être les premiers à se porter volontaires, et rapidement se dessinent des scénarii retraçant les spécificités de chacune des communautés étrangères. Cette collaboration entre l’auteur (mais aussi Hélène Châtelain et Stéphane Gatti) qui y retrouve ses expériences passées, et les travailleurs, souligne la diversité de la population concernée tout en rappelant ce qui l'unit : le travail à l’usine (horaires, chaîne, logement, transports) et les difficultés avec l’administration. Chaque film met en avant le regard d'un groupe sur sa propre condition, son histoire, son parcours, son identité culturelle.

1. Montbéliard

2. Le Premier Mai - Film polonais

Images

Résumé

1. Montbéliard. "Montbéliard ville espagnole, ville arménienne, ville polonaise, ville géorgienne, ville maghrébine..." Cette présentation de la ville est avant tout celle de toutes les communautés qui la composent et qui travaillent chez Peugeot. Quatre hommes vont plus précisément représenter cette diversité : Abdallah, Marocain, délégué CFDT ; Gian Luca, Italien, ouvrier aux presses ; Vicente, Espagnol et ancien toréro, délégué CGT ; Radovan, Yougoslave, OS. C'est Jacky, ajusteur, du groupe des Polonais, qui donne sa signification au titre en montrant les sculptures qu'il a réalisées à partir de pots d'échappement, pompes à vélos et soudures : un lion qui représente l'usine Peugeot ; la ville de Montbéliard - la cage du lion - figurée par son château ; les ailes du lion, qui symbolisent toutes les communautés étrangères. Un commentaire off fait le lien tout au long du film : l'agglomération, "une nébuleuse" de bourgs et lieux-dits ; les différents groupes de population (réunions familiales, fêtes, musique, marchés) ; le rythme du travail à la chaîne qui, pour certains, commence à 3h du matin ; les transports, en bus ou en cyclomoteur. Gian Luca : "Quand on arrive, on s'imagine qu'on va trouver la culture française, celle de Victor Hugo, celle du théâtre de Molière, dans toutes ces maisons d'art, mais pour les immigrés la culture française signifie surtout le long couloir de la Préfecture et tous les papiers pour avoir une carte de séjour."

2. Le Premier Mai - Film polonais. "Un 1er mai avec sa manif dans une ville ouvrière, c'est ça que vous êtes venus chercher ?" demande Gérard en s'adressant à l'équipe de tournage. "Vous voyez quelque chose ?" dit-il encore en montrant les rues désertes de Montbéliard en ce jour férié. "La vraie manif, c’est nous !" affirme chacun à leur tour les membres de la communauté polonaise, en revêtant les habits traditionnels de leur folklore, qui annoncent fête, chant, musique et danse. Tadeusz l'ajusteur, qui en un an fait l'équivalent d'un Paris-Varsovie pour aller à l'usine en cyclomoteur, Vladislav "la truelle", Martine "la montre", Gérard "la fiche d'approvisionnement", Socrate "le volant de poids lourds", Jacky "le voltmètre" ou encore Valérie "la machine à écrire", tous ces ouvriers sont des objets huit heures par jour et leurs journées sont "des morceaux de la fiche de paie". Mais leur scénario ne sera pas ce film : le spectateur est prié d'imaginer tout "ce qui va suivre en couleurs, la couleur au sens polonais étant une vue de l'esprit". Sourires, danses, musique, la tradition polonaise est une grande fête dans laquelle "la rencontre d’une montre et d’un voltmètre va faire tourbillonner la couleur". "À partir du moment où nous nous habillons de couleurs, nous manifestons contre le mercantilisme, la non-participation, l'uniformisation ; nous cessons d’être une machine pour devenir un pays, le nôtre."

(Stéphane Gérard)

Descriptif technique

Production
Les Voyelles, La Parole errante, CAC Montbéliard, INA
Réalisation
Armand Gatti
Année
1976
Durée
70' (43'+27')
Double disque
Couleur / N&B
noir et blanc
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne