Tourné dans sa campagne suisse, cette maison familiale qui est son port d'attache depuis près de cinquante ans, un chaleureux et séduisant portrait de l'écrivain-voyageur Nicolas Bouvier (1929-1998). Au fil des souvenirs, l'auteur de L'Usage du monde (1963), Chroniques japonaises (1974) et Journal d'Aran et d'autres lieux (1990) évoque ses thèmes de prédilection.

Il y a d'abord l'espace, l'ailleurs, découverts dans les cartes et atlas qu'il dévorait enfant, comme des polars. Et les voyages entrepris dès l'adolescence, ces aller et venir générateurs de liberté intérieure qui l'emmènent toujours plus loin vers l'est, de Belgrade à Kaboul, de la mer Caspienne à la Laponie, à Ceylan ou Tokyo. Il y a aussi l'amour que Bouvier porte aux mots : les mots de la lecture, des livres et des auteurs (Michaux, Hölderlin, Conrad...) qui aident à vivre, vous bouleversent ou vous donnent du courage. Et ceux de l'écriture, des récits dont le surgissement, la forme et le rythme sont dictés par l'expérience vécue. Il y a enfin la musique et les images, le rire et les larmes, l'érotisme et la mort, la présence aux choses et l'attention aux êtres.

(Myriam Bloedé)