Nourri de littérature, Richard Dindo (né en 1944) y a puisé la matière de la plupart de ses films. Au fil d’un long entretien avec Jean-Louis Comolli, il retrace son parcours d’autodidacte issu d’une famille ouvrière de Suisse alémanique. Exploitant librement les ressources de la fiction, ce documentariste a coulé ses pas dans ceux des auteurs qu’il admire. Des extraits de ses films lui donnent l’occasion de s’expliquer sur sa méthode.

Cinéaste très personnel, Dindo privilégie une approche autobiographique. C’est le cas dans Homo Faber d’après Max Frisch (2014), Rimbaud, une biographie (1991), Aragon : le roman de Matisse (2003) ou dans Genet à Chatila (1999). "Dans le texte, je ne retiens que ce qui me plaît" dit-il. Il fait des auteurs ses porte-voix : "Chaque phrase prononcée, j’aurais pu la dire moi-même." Bien qu’il ne se définisse pas comme un révolutionnaire, certains films témoignent de son engagement. L'Affaire Grüninger (1997) rend hommage à un directeur de la police helvétique qui donna asile à des milliers de juifs. Dans le prétoire où se déroula le procès du fonctionnaire insoumis, Dindo fait revenir 60 ans plus tard quelques-uns de ceux qu’il a sauvés. Ernesto Che Guevara : le journal de Bolivie (1994) s’appuie sur une autre méthode pour faire revivre le passé. En théoricien du cinéma autant qu’en praticien, Comolli le conduit à expliciter ses partis pris artistiques.  

(Eva Ségal)