Scène rouge (1^ère version, 7'. Réalisation : Charles Picq. 2^e version, extrait, 3'. Réalisation : Anne Guyonneau, Jean-Luc Saumade). Ce bref quatuor à vocation comique met en scène une femme, toro léger et insaisissable (Monet Robier), qui gambade gaiement au nez et à la barbe de trois hommes, toreros empotés (Dominique Bagouet, Bernard Glandier, Bernardo Montet), échouant lamentablement dans leurs tentatives de s’en saisir. On est loin des chefs-d'oeuvres de Bagouet, mais il est utile de rappeler les enjeux du programme d'inauguration du Centre chorégraphique pour lequel Scène rouge est créé au théâtre municipal de Montpellier en 1980. Cette pièce fait office d'entracte : la rigueur esthétique des deux pièces longues qui l'encadrent, Grand Corridor et Voyage organisé, risque fort de heurter le public montpelliérain qui vit là ses toutes premières rencontres avec la danse contemporaine. Il s'agit de convaincre, mais aussi de plaire, et Scène rouge a certainement cette vocation. Portant, les connaisseurs du Bagouet des années plus tardives reconnaîtront un thème récurrent, celui de la maladresse masculine face à la vélocité maligne de ces dames.

Voyage organisé (50'. Réalisation : Charles Picq). Pour l'inauguration du Centre chorégraphique de Montpellier, Dominique Bagouet crée une nouvelle version d’une pièce de 1977. Inspirée de L’Atalante de Jean Vigo (la musique est aussi empruntée au film), mêlant les thèmes du voyage organisé et de la noce, elle forme une sorte de tableau de famille aux personnages typiques (les mariés, les grands-parents, le petit garçon et la petite fille, la soubrette, etc.). Ici encore, Bagouet tente de combiner récit et écriture chorégraphique abstraite. Voyage organisé est pourtant l’une de ses rares pièces à être totalement structurée par le récit ; du coup, les passages abstraits, belles danses de groupes pouvant figurer des moments oniriques dans l’histoire des mariés, évoquent les rapports entre ballet d’action et ballet blanc au sein du répertoire classique. Cette étrange famille, très 1930 dans les costumes, est aussi formée par une compagnie exceptionnelle, à la fois par sa qualité et par sa brève durée : Catherine Diverrès incarne la mariée, Bernardo Montet le grand-père, et Renate Pook, danseuse d'origine allemande, est la grand-mère.

(Isabelle Ginot)

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