Tournant son regard vers les visiteurs, Olivier Horn propose une flânerie à travers les salles du Louvre en s’interrogeant, avec un certain humour, sur les différents usages du musée à l’heure du tourisme culturel de masse. Tout change selon qu'on le visite en groupe, avec un ami ou en solitaire, qu’on le découvre pour la première fois ou qu’on en est déjà un habitué, soit encore qu’on prend un parcours préétabli ou bien le risque de s’y perdre.

Pour beaucoup de visiteurs interrogés, le musée demeure un lieu intimidant, incarnant une culture d’élite à laquelle ils voudraient participer. Le touriste étranger, surtout s’il est pressé et en groupe, minimise les risques en se précipitant vers les chefs-d’œuvre mondialement consacrés ; le conférencier le rassure, et l’appareil photo attestera qu’il a bien côtoyé ces merveilles. À l’opposé, l’amateur d’art ou le copiste se sentent ici chez eux. Le film s’attache à deux groupes de jeunes de banlieue parisienne. Dans le premier composé d’apprentis du bâtiment de Saint-Denis, emmenés par leur professeur, prédomine le rejet d’une culture perçue comme inabordable et inutile. Pour le second, formé de jeunes de Grigny, l’appropriation semble réussir. Emmenés par un sculpteur, ils se sont engagés dans la rénovation de leur maison de quartier et viennent puiser dans le Département des antiquités égyptiennes, dont ils sont devenus familiers, une source d’inspiration.

(Eva Ségal)