En Colombie-Britannique (Canada), depuis le début des années 2010, les Wetsuwet’en résistent à la construction de multiples pipelines qui menacent de traverser illégalement leur territoire ancestral. Tourné sur plus de dix ans, Yintah suit plus particulièrement le combat de Tsakë ze’ Howilhkat Freda Huson et Tsakë ze’ Sleydo’ Molly Wickham, deux femmes wet’suwet’en tout aussi déterminées qu’inspirantes.

Véritable chronique tournée de l’intérieur dans le style du cinéma direct, le film nous embarque au gré des moments charnières de la lutte de ce peuple autochtone, nous immergeant au cœur des barrages routiers et autres campements visant à empêcher les constructions extractivistes. D’autres séquences, époustouflantes, rendent hommage à la beauté de ces paysages majestueux, comme autant de respirations et de pauses salutaires face à la répression policière. On saisit alors la relation profonde que les habitant·es de ces terres entretiennent avec elles, ressentant au passage l’attachement au territoire (« yintah » en witsuwit’en) dont se nourrit leur infatigable résistance. Et si la souveraineté territoriale de tout un peuple est mise à mal, le film, co-réalisé par les sœurs des protagonistes (Brenda Michell et Jennifer Wickham) et avec la participation intensive des leaders wet’suwet’en, reflète au contraire leurs pratiques d’autodétermination, s’imposant comme une tentative puissante à la fois de décolonisation de l’histoire et d’action pour la justice climatique.

(Sophie Gergaud)