Le 25 novembre 1970, Mishima achève la rédaction de La Mer de la fertilité. Puis il prend en otage le commandant de l'armée japonaise, fait aux troupes assemblées un discours à la gloire du Japon et se donne la mort par seppuku. "La vie humaine est limitée, avait-il écrit. Or je voudrais vivre éternellement." Archives, témoignages et images du Japon moderne et traditionnel composent ce portrait.

Yukio Mishima (né en 1925) voulut "faire de sa vie un poème". S'efforçant de ressusciter l'idéal d'art et d'action de ses ancêtres samouraïs, il voulut confondre son destin avec celui du Japon. Le théâtre traditionnel, qu'il découvre enfant, lui offre des expériences plus fortes que la vie réelle. Adolescent solitaire, fasciné par la beauté et par la mort, il se passionne pour la littérature occidentale et se met à écrire. Parrainé par Kawabata, il connaît le succès dès la publication de Confession d'un masque, premier roman autobiographique. Narcissique, ambigu et provocateur, il écrit abondamment, traduit, adapte, met en scène et se met en scène. Jusqu'à ce que les quatre "fleuves" qui l'animent, l'écriture, le théâtre, le corps et l'action, "finissent par se jeter dans la mer de la fertilité".

(Myriam Bloedé)