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Résumé
En 1971, l’Armée rouge japonaise, groupe armé d’extrême gauche engagé dans des actions terroristes, s’exile au Liban et s’engage aux côtés du Front populaire de libération de la Palestine. Sur des images Super 8 de Beyrouth et de Tokyo tournées de nos jours par Eric Baudelaire, le cinéaste Masao Adachi, membre du groupe, et May Shigenobu, fille de Fusako, la dirigeante de l'ARJ, témoignent de ces années de lutte et de vie clandestine.
Le film emprunte son titre à L’Anabase de Xénophon, qui raconte la retraite de l’armée des Dix Mille partie guerroyer en Mésopotamie. Retraite, retour, mais aussi remontée (anabasis signifie montée en grec), remontée du souvenir à la surface des images, des signes à la surface du visible. En 1969, A.K.A. Serial Killer, documentaire de Masao Adachi retraçant le parcours d'un tueur en série de sa naissance jusqu'aux lieux des crimes, suivait l’hypothèse selon laquelle il est possible de lire dans le paysage urbain les signes du pouvoir et de l’aliénation. Cette "théorie du paysage", Eric Baudelaire la met à l’épreuve des récits de Masao et de May. Entre Japon et Liban, il dessine une géographie incertaine où résonnent les souvenirs de chacun : Adachi, pour qui la réalité est plus intéressante que l'imagination, a abandonné le cinéma pour la lutte armée ; May, née au Liban et élevée dans le secret, a dû s'inventer d'autres identités jusqu'à l'âge de 20 ans.
(Sylvain Maestraggi)
Descriptif technique
- Production
- E. Baudelaire
- Participation
- ministère de la Culture et de la Communication (Cnap), Synagogue de Delme/Centre d'art contemporain, Villa Kujoyama
- Sujet
- Masao Adachi, Fusako Shigenobu
- Réalisation
- Eric Baudelaire
- Année
- 2011
- Durée
- 66'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Eric Baudelaire ne cherche pas à tracer un récit linéaire ; ce sont au contraire des fragments, des strates de souvenirs qui remontent, désordonnées. Et son travail formel s’en imprègne. Comme pour tout clandestin, l’apparence n’est ici que pour mieux dissimuler. Les scènes, les décors sont souvent flous, tremblotants, s’évanouissent à l’improviste, comme une mémoire défaillante, incapable de se fixer ou de se situer. De temps en temps, les extraits de films tournés par Adachi, ou des archives télévisées, nous rappellent brusquement que tout cela fut bien réel. Derrière ce rideau d’images se tiennent les deux personnages principaux de cette histoire ; leurs récits sont parallèles et semblent ne jamais se joindre ; et l’on met du temps à comprendre que Masao a fait office de père pour May. Comme si la règle du silence avait été tellement intégrée que leurs années passées ensemble s’étaient à leur tour dissoutes. Les images sur lesquelles se posent leurs voix sont comme le décor de leur mémoire défaillante et témoignent de la difficulté de dénouer le passé, a fortiori un passé clandestin. Le cinéaste nous convie de fort belle manière à cette quête tragique de renouer avec une identité morcelée, celle d’une génération condamnée à l’isolement et à la solitude.
(Jean-Marc Lhommeau, Bibliothèque municipale du Plessis-Trévise)