En 79 après J.-C., l'éruption du Vésuve fige sous les scories la cité et les habitants de Pompéi et scelle, jusqu'aux fouilles de 1909, une vaste fresque peinte un siècle et demi auparavant dans une villa suburbaine. Peuplée de vingt-neuf personnages grandeur nature sur fond rouge vif, cette décoration aussi célèbre que sibylline a suscité plusieurs interprétations que ce film éclaircit à l'aide de documents.

Plusieurs scènes semblent renvoyer à des moments de la vie quotidienne comme l'éducation d'un enfant ou une séance de coiffure. Des femmes sont vêtues comme des matrones romaines ou des servantes. Mais un personnage est aisément identifiable comme un dieu de l'Olympe. Muni d'un bâton orné de lierre (le thyrse), alangui et presque nu, c'est Dionysos. Pourquoi cette présence ? N'est-il là qu'en tant que dieu de la fête, avec son épouse Ariane, pour présider favorablement aux préparatifs du mariage d'une jeune fille comme dans les Noces Aldobrandines du Vatican ? Est-il accompagné, au contraire, de sa mère Sémélé, et les scènes évoqueraient alors son histoire faite de persécution, de mort et de résurrection ? Et qui est cette démone ailée maniant le fouet ? Quoi qu'il en soit, de nombreux indices évoquent le culte dionysiaque, populaire en Grèce et dans le sud de la péninsule italique, culte auquel les commanditaires devaient être initiés et qui leur promettait l'immortalité.

(Laurence Wavrin)