"On écrit, disait Corinna Bille, parce qu'il y a en soi un trouble, un excès de sensations, de sentiments. Si on devait les garder en nous, on en crèverait." Composé de documents d'archives et de témoignages de ses proches, le portrait de cette femme fougueuse (1912-1979), à l'écriture violente et sensuelle, s'attarde sur les traditions valaisanes et sur ce paysage dans lequel elle aurait voulu se fondre.

C'est à l'âge de quinze ans, après la lecture de Manhattan Transfer de Dos Passos, que Corinna Bille découvre sa vocation d'écrivain. Dès lors et jusqu'à la fin de sa vie, elle fera de l'écriture une activité quotidienne, incessante, et dont le jaillissement la rend heureuse, "malgré ses difficultés". En dehors d'un bref séjour à Paris où la conduit son mariage raté avec l'acteur Vital Geymond, Corinna Bille passera toute sa vie au Paradou, dans la maison familiale bâtie par son père fantasque, au sein de cette paysannerie du Valais aux coutumes mystérieuses, et dans ce décor sauvage dont est imprégnée son oeuvre (La Fraise noire, Cent petites histoires d'amour, Deux passions, Theoda, Douleurs paysannes, La Demoiselle sauvage, La Femme sans espoir).

(Myriam Bloedé)