A l’aube de la Première Guerre mondiale, la France mobilise son empire colonial. Nord-Africains et Sénégalais débarquent à Marseille, suscitant la curiosité et l’espoir du peuple français. Bientôt rejoints par des troupes alliées indiennes puis américaines, leur présence a dessiné la France d’aujourd’hui. Images d’archives et textes mis en images se mêlent pour raconter l’histoire de ces hommes venus d’une trentaine de pays, comme Bakary Diallo, tirailleur sénégalais.

"Mon arrière-grand-père s’est engagé parce qu’il n’avait pas de travail. Ils n’étaient pas Français mais ils étaient quand même appelés pour se battre et pour mourir," raconte Kamel, descendant de tirailleur algérien. De l’Afrique à la Chine, certains sont venus travailler dans les usines. "Ils ont été vus comme profitant de la situation, remplaçant les Français qui sont au front. C’est le début d’une xénophobie," analyse l’historien Jean-Yves Le Naour. "Les étrangers travaillaient aux côtés d’ouvrières françaises. Les femmes ont été les grandes éradicatrices de l’ordre colonial," ajoute-t-il. Avec l’engagement des Etats-Unis, le système ségrégationniste américain se confronte à l’égalitarisme des tranchées françaises. "Les soldats noirs-américains reviennent aux Etats-Unis avec l’idée que le pire ennemi c’est la ségrégation," assure quant à lui l'historien Marc Michel. "Cette guerre a bouleversé le monde. En 1914, l’Europe domine par le colonialisme et par son économie. En 1919, les choses ont complètement changées," conclue Jean-Yves Le Naour.

(Romain Hecquet)