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Résumé
Quels rapports y a-t-il entre un moineau, un film de vacances et les opérations militaires menées par l’Allemagne en Afghanistan ? Lien à peine moins ténu qu’un simple hasard, que Philip Scheffner déroule comme on voyage, en de longs plans contemplatifs. Son film impose ainsi son sujet comme par mégarde, au souci écologique promis par son titre se substituant bientôt un plaidoyer antimilitariste.
14 novembre 2005, un moineau est abattu au Pays-Bas de peur qu’il ne ruine une grande chaîne de dominos télévisée. L’affaire fait grand bruit, les protestations internationales fusent. De là s’engage, semble-t-il, une réflexion sur la place des animaux dans l’espace urbain, l’anthropocentrisme ou la machine bureaucratique. Mais Le Jour du moineau n’est pas le film qu’il prétend être d’abord. Rhapsodique, il calque sa ligne narrative sur ce domino par quoi tout commence, adoptant une logique de coq-à-l’âne qui le conduit bientôt à interroger l’implantation des bases militaires outre-Rhin et leur implication dans le conflit afghan. Car pour Scheffner, l’Allemagne est alors un pays en guerre, engagé dans "un second Vietnam". L’opacité des canaux d’information militaires auxquels il se heurte souligne l’hypocrisie des dirigeants, quand les condamnations lourdes de militants antimilitaristes suggèrent en parallèle la difficulté d’un geste filmique condamné au louvoiement.
(Mathieu Capel)
Descriptif technique
- Production
- Pong, Blinker, ZDF, Arte
- Réalisation
- Philip Scheffner
- Année
- 2010
- Durée
- 100'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Le Jour du moineau est un film complexe qui traite d'un sujet grave : l'implication de l'Allemagne dans la guerre en Afghanistan. Le réalisateur part de la mort d'un moineau pour aboutir au paradoxe de la guerre, en mettant en relation deux évènements qui se partagent la une d'un journal en 2005 : un moineau abattu aux Pays-Bas et un soldat allemand tué dans un attentat-suicide à Kaboul. Passioné d'ornithologie, Philip Scheffner se place dans la position d'observateur en filmant les paysages en longs plans d'ensemble, pour se rapprocher peu à peu. La commentaire en voix off suit sa réflexion sur la guerre, et une communcation téléphonique avec des cadres de l'armée allemande scande le déroulement du film. Le Jour du moineau est donc un film très engagé politiquement. Son écriture, difficile mais très capticante, impose au spectateur d'intellectualiser au fur et à mesure une situation de conflit à partir de paysages calmes. Il en découle ainsi une impression de distance qui laisse le temps au spectateur de s'interroger sur sa propre place. Le rythme lent donne de l'espace à l'analyse d'un conflit géographiquement éloigné, mais où les décisionnaires ne sont finalement pas si loin.
(Christine Puig, Médiathèque José Cabanis, Toulouse)