Sur un lac en Bosnie, Zdravko bat la surface de l’eau d’un geste régulier : voilà presque 20 ans qu’il est pêcheur ici, à l’écart de ses concitoyens. La guerre civile, qui l’a rendu presque sourd, a aussi poussé Stefan Pavlović à l’exil quand il n’était qu’enfant. Looking for horses raconte son retour sur sa terre natale, ses retrouvailles avec sa langue maternelle, et l’émouvante amitié qui grandit entre les deux hommes, malgré le bégaiement de l’un, malgré la surdité de l’autre.

Plusieurs équipes de tournage ont déjà approché Zdravko, intriguées par cet ermite qui restait des hivers durant dans une chapelle abandonnée : elles ont toutes été déboutées par ce soixantenaire borgne, sourd et souriant. Le traumatisme commun de la guerre lui donne pourtant confiance en Stefan, qui le filme pudiquement, et qui se livre aussi, au fil de séquences nocturnes où sa voix canadienne raconte l’exil, le bégaiement et la pratique de sa première langue. On les voit devenir amis : ils rient, se racontent et s’autorisent à pleurer. Ces deux hommes que trente ans séparent bénéficient l’un de l’autre, au rythme de touchants instants : alors que s’améliore son serbo-croate, Stefan trouve des prothèses auditives à Zdravko, qui décide qu’il est temps pour lui de retrouver la compagnie des autres. Cet hiver, il s’en ira chez sa sœur, dans sa ville natale. Il ne reste, avant de se dire au revoir, qu’à trouver les chevaux sauvages qui courent le long du lac, que seul Zdravko sait approcher… 

(Noé Vidal-Giraud)