Star en France comme à l’étranger, Pierre Richard traîne derrière lui un certain nombre de clichés que ce portrait propose de dépasser. En interrogeant le comédien et ses proches, Gérard Depardieu ou Jane Birkin, mais aussi en regardant des extraits de ses films (Le Distrait, 1970 ; Je suis timide, mais je me soigne, 1978), Jérémie Imbert et Yann Marchet tentent de percer le mystère de cet acteur acrobate.

"Le talent est la partie positive du déséquilibre." C’est à cette formule, dont on ne sait si elle est de Jacques Balutin ou de Soren Kierkegaard, que l’on doit le titre d’un film placé, dès son ouverture, sous le signe de la chute, du grand écart et du monologue raté. Si ces acrobaties physiques et verbales ont fait la célébrité de Pierre Richard, elles ont aussi contribué à la naissance d’un malentendu. Burlesques, ses films le sont surtout parce qu’ils mettent en danger son propre corps d’acteur et parce qu’ils dénoncent nos sociétés de consommation. Sur le ton de la confidence, Marie-Christine Barrault, blonde solaire du Distrait, évoque le tempérament égocentrique du comédien, avant de convenir aussitôt qu’il s’agit là d’un mal nécessaire lorsque l’on veut construire une œuvre dont on sera le réalisateur et l’acteur. Car en effet, ce qui peut échapper, c’est l’ambition de ce grand blond qui, dans nos souvenirs, ne cesse de descendre d’un escalator, avec une chaussure noire.

(Teddy Lussi)