En mars 1997, éclate le plus important mouvement de colère d’une population qui se qualifie elle-même de "sinistrée de la décolonisation". Entre 1997 et 2000, les harkis et leurs enfants vont multiplier manifestations et grèves de la faim pour tenter de se faire entendre. Christian Philibert et Yamina Guebli vont à leur rencontre à Paris, Toulon et Manosque. Des témoignages forts, parfois violents, entrecoupés d’images d’archives.

Depuis la fin de la guerre d’Algérie, le destin tragique des harkis et de leurs familles reste une page taboue de l’histoire de France. En 1962, ces supplétifs de l’armée française, abandonnés et désarmés, vont être victimes des nouveaux dirigeants de l’Algérie. Ceux qui parviendront à s’échapper vivront en France dans les conditions indignes de "camps provisoires", durant plus de vingt ans. "C’est dans ces camps que nos pères ont perdu leur autorité, que nombre d’entre eux ont sombré dans l’alcoolisme. Nous portons leur souffrance", confie Kader. Aujourd’hui, la situation ne fait qu’empirer au sein de la jeune génération, avec un taux record d’échecs scolaires, de chômage et de suicides. Mais les gouvernements passent et aucune mesure concrète n’est prise pour améliorer leur condition. "Français à part entière", c’est ce que ces oubliés de l’Histoire revendiquent.

(Sadia Saïghi)