L’interprétation des oeuvres de Chopin requiert une qualité essentielle : maîtriser parfaitement la construction tout en donnant l’illusion que celle-ci est improvisée. A l’Académie Frédéric Chopin de Varsovie, la réalisatrice enquête sur les difficultés rencontrées par les jeunes pianistes pour acquérir cette qualité. Elèves et enseignants s’interrogent sur la complexité de leur rapport à l'oeuvre du compositeur, véritable monument national.

Polonais pour la plupart, les étudiants connaissent bien la musique de Chopin ; symbole de la résistance contre l’oppresseur russe, elle les berce depuis la plus tendre enfance. A l’Académie, tous doivent dépasser ce sentiment de responsabilité nationale s’ils veulent développer leur propre sensibilité dans l'interprétation de cette musique. Certains connaissent leurs limites : "Je ne toucherai jamais au concerto de Chopin, j’aurais trop peur de m’y perdre." Jan Ekier, enseignant, évoque la nécessité de développer chez ses étudiants la capacité à transmettre, simplement, une mélodie. Soumis à des pressions trop importantes, certains ne relèvent pas le défi et préfèrent renoncer en prétextant que les musiciens sont de plus en plus marginalisés en Pologne et qu’ils ne gagneront jamais leur vie en exerçant ce métier. Cette dure réalité de la compétition à l'Académie Frédéric Chopin concerne de nombreux pianistes, partout dans le monde.

(Mario Fanfani)