En suivant la reprise de Romance en stuc du chorégraphe Daniel Larrieu, Ré-activation – L'Art du geste nous immerge dans un processus où s'entremêlent création et transmission. Dessins, captation fantomatique des années 1980 et échanges fertiles avec les danseurs et collaborateurs de la pièce d'origine nourrissent cette réactivation 2019. Un "objet non identifié" à la danse précise, inspiré d'écrits de Théophile Gautier et d'Empédocle, soutenu par une création sonore convoquant Schubert ou Einsturzende Neubauten.

En 1985, le chorégraphe et figure majeure de la nouvelle danse française crée ce spectacle avec onze danseurs dans le cadre du festival d'Avignon. Une œuvre singulière, où les interprètes incarnent un chœur balançant entre statuaire antique et esthétique punk. Près de trente-cinq ans plus tard, Daniel Larrieu reprend cette pièce essentielle de son répertoire avec de jeunes artistes. Accompagnant avec délicatesse l'opération de réinvention, Do Brunet (elle-même danseuse dans la pièce d'origine) en capte tous les mouvements. La reprise amène chacun à interroger son geste à l'époque, comme la pertinence de sa transmission aujourd'hui. Ce faisant, le film révèle d'autres réactivations : décors, costumes, lumière et bande sonore font eux aussi l'objet de dialogues stimulants. Le documentaire se fait ainsi témoin de la formidable expérimentation de la danse contemporaine des années 1980, comme de son enseignement.

(Caroline Châtelet)