Comme un camembert en portions prédécoupées, le film de la compagnie Grand Magasin, adapté du spectacle créé en 1991 au festival Octobre en Normandie, se compose de six tableaux : Derrière les fagots, Sous la table, Sur des oeufs, Dans les pommes, Autour du pot et Sur le tas ; fables mises en bouche et en jambes par les duettistes Pascale Murtin et François Hiffler.

Jouant de leur physique inclassable, genre mauvaise herbe poussée trop vite en graine et qui ne supporte pas l'idée d'abandonner socquettes et pantalon de tergal, ces deux-là n'ont pas leur pareil pour s'emparer d'un texte illustre ou inconnu et nous le restituer sous forme de rébus gestuel, drôlatique et astucieux. Villon, Pinget, Poe et Wittgenstein sont conviés à ces poèmes chorégraphiés dans le culte de la fantaisie, le seul qui ne se soucie pas trop des règles, hormis l'ardent désir d'en jouer et de voir ensuite ce qu'il en reste. Divertissement certes, mais la ballade qu'ils nous proposent au coeur de la prose et des poses mérite toujours le détour. Comme le dit le proverbe du premier tableau : "Brouillard du matin n'arrête pas le pèlerin."

(Fabienne Arvers)