Préambule : "Le 13 juillet 1969, j'ai vu le premier homme poser son pied sur la lune. J'ai 46 ans, je n'irai pas sur la lune. J'ai décidé d'aller à la rencontre de quelques pieds sur cette terre." Mali, Japon, Palestine, Israël et France, telles sont les nationalités de ces sept paires de pieds que Christophe Loizillon filme en plan fixe tandis que les voix de leurs propriétaires les présentent et racontent des histoires s'y rapportant.

Les pieds sont nus, cadrés jusqu'au bas du mollet, et souvent les mains apparaissent dans le champ et les caressent comme pour mieux les mettre en valeur et démontrer à quel point ces extrémités sont importantes pour le reste du corps. "Mes pieds sont le nombril de mon âme", dit le Malien. Et à regarder ces orteils sans cesse en mouvement, accompagnant les intonations de la voix qui les commente, on se dit qu'en effet, on peut soudain se passer des visages pour saisir un brin de la personnalité de ces rencontres de passage. "Nagasaki est une ville toute en pentes. Mes pieds me servent à les parcourir en tous sens pour chasser les papillons et voir les dégâts de la bombe atomique." "Mes pieds ont toujours été ancrés dans la terre ; ils ne marchent pas comme ceux des exilés." "J'ai pris conscience de mon corps par mes pieds..." Les mots se cherchent, les souvenirs affluent. Par l'intermédiaire de ces pieds, Christophe Loizillon nous donne à entendre d'émouvants moments de vie.

(Marc Guiga)