Dans ce film en noir et blanc, presque silencieux, consacré à la réalisation d'un dispositif pictural de Michel Parmentier, la caméra restitue avec précision les gestes obstinés d'une œuvre répétitive, qui a débuté en 1966 en compagnie des artistes Daniel Buren, Olivier Mosset et Niele Toroni. De temps à autre, de brefs textes distillent avec objectivité des informations sur la démarche radicale de l'artiste.

Décédé fin 2000 à l'âge de 62 ans, Michel Parmentier vivait à Paris et travaillait à Bruxelles. Le film commence avant son arrivée dans l'atelier : l'ami qui occupe les lieux lui prépare avec soin, sur une machine, les plis de quatre lés de calque polyester en bandes horizontales de largeur invariable de 38 centimètres. L'artiste accole ensuite côte à côte et verticalement les quatre lés, qui constituent ainsi une surface de 304 sur 308 centimètres. Puis, suivant les marques préétablies, il replie et agraffe les lés en huit bandes, cachées ou visibles. A l'aide de bâtons d'huile blancs (oil bar), il trace de petites bandes verticales sur toute la superficie : "624 fois le même geste, la répétition la plus plate." Après quinze jours de séchage, les bandes sont dégraffées et le calque se déplie, confrontant dans les deux sens, vertical et horizontal, les zones peintes et non peintes. Au dos des lés, il donne un coup de tampon-dateur : "15 mars 1994." Datée, titrée et identifiée, l'œuvre est achevée.

(Annick Spay)