Le photographe Bernard Plossu nous invite à suivre son voyage en train de Lyon à La Ciotat, sur les traces de celui entrepris par les frères Lumière en 1895. Au cours de ce trajet, la juxtaposition d'images photographiées et filmées permet de confronter des fragments du paysage qui défile sous nos yeux à ceux enregistrés par l'oeil exercé des frères Lumière.

Né en 1945, Bernard Plossu a longtemps célébré les déserts du globe, ses "jardins de poussière". Maintenant, il traque le quotidien sous la forme de clichés noir et blanc pour enregistrer le temps, "l'apprivoiser pour faire reculer la mort". Muni d'un équipement simple, un objectif de 50 mm, proche de l'oeil, il refuse toute recherche d'effet. Entrées de villes, cheminées d'usines, cimetières, TGV, paysages agricoles se succèdent dans le temps matérialisé par la rencontre de deux vitesses, celle de la prise de vue et celle du train. Bientôt, on oublie la raison du voyage : il est devenu pour l'artiste prétexte à questionner le statut de la photographie quant à son pouvoir d'inventorier le quotidien, en complément de l'image filmée.

(Annick Spay)