Jeunes Ukrainiens, Chinois, Vénézuéliens ou encore Mauritaniens, ils ont quitté leurs pays en emportant leurs langues et leurs histoires. Arrivés en France, ils ont intégré la classe d’accueil du collège de la Grange-aux-Belles à Paris. Leur professeure de français, Brigitte Cervoni, s’efforce d’en faire un lieu de partage et d’échange. Entres sorties scolaires et réunions parents-professeurs, entre innocence et désaccords, ce qui était censé les diviser les a finalement rassemblés.

"Les autres élèves du collège se moquent de moi parce que je parle français avec l’accent anglais," confie une élève. "Quand je suis arrivé dans la classe d’accueil, je me suis senti bien car j’ai vu qu’il y avait d’autres étrangers," ajoute un autre. C'est donc en toute confiance qu'ils partagent leurs trajectoires et les situations familiales interfèrent dans le parcours scolaire : "Je suis venu en France parce que mon père ne trouvait pas de travail" ; ​"Parce que ma famille était persécutée par un groupe de néo-nazis" ; ​"Pour changer mon futur." La classe d'accueil est le seul moyen pour eux de progresser en français. "C’est toi l’interprète de la famille, tout repose sur toi," déclare, amusée, Brigitte Cervoni à une élève. Mais voici venu le temps de la fin de l’année scolaire et la perspective que chacun va être dirigé dans un établissement différent. "La première fois que je suis rentrée dans la classe d’accueil, c’était comme si je venais de naître. Et maintenant c’est comme si on était tous des frères et des sœurs et qu’on se sépare."

(Romain Hecquet)