Espagne, 27 septembre 1975. Cinq militants basques, condamnés à mort, sont exécutés par le régime franquiste. Carole Roussopoulos et Ioana Wieder recueillent avec pudeur les paroles de leurs proches - la sœur de Sanchez Bravo, les mères d’Otaegui et de Txiki -, leur souffrance et leur douleur interdites. Pas de désespoir, mais leur certitude qu’ils luttaient courageusement pour un monde plus juste.

Deux heures après l’exécution de son frère, Maria Victoria raconte la dernière nuit du condamné. Lentement, la voix profonde, le visage absent, baigné par la fumée de cigarette, elle évoque le regret de Sanchez Bravo de "ne pas avoir pu faire plus pour son peuple". La mère d’Otaegui raconte l'arrestation de son fils, le procès où "ils ne lui ont rien trouvé", puis son exécution, barbare, à coups de fusil au visage pour le défigurer. La mère de Txiki lit une lettre de son fils et raconte le procès "fantôme", la torture et l'assassinat : "Ils l’ont tué par pure haine." Elle s’adresse à toutes les femmes et leur demande de continuer à lutter contre le fascisme. Les trois entretiens alternent avec d'autres interviews, des images de manifestations en Europe et des coupures de journaux, qui soulignent l’ampleur des mobilisations contre le régime espagnol. Un document à la sobriété saisissante sur la fin du franquisme.

(Hélène Fleckinger)