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Résumé
Da Nang, Vietnam. Quand elle n’est pas affairée à son ménage, Mme Bua passe le temps devant sa maison à causer avec les voisins. S’ils voient une natte sécher dans le jardin, ils en déduisent qu’elle a eu une nouvelle crise d’épilepsie. Le soir à la veillée, la vieille dame leur raconte ses hauts faits dans la résistance Viet Cong ; mais le récit des tortures subies aux mains des Américains, c’est à sa fille qu’elle le réserve dans l’intimité.
Alors qu’au Vietnam le souvenir de la guerre s’éloigne, que les ennemis d’hier cohabitent paisiblement, pour Mme Bua, l’horreur continue. Ses douleurs lui rappellent constamment le prix de son engagement. Pendant que son mari était parti s’engager au Nord, elle séduisait les soldats du Sud pour les faire changer de camp. "J’ai donné mon corps pour le peuple et pour la patrie", déclare-t-elle aux voisins. Mais, dans un registre moins convenu, elle révèle à sa fille les circonstances terribles de sa naissance. Rejetée par son mari après avoir été torturée, Mme Bua a voulu malgré tout mettre au monde un enfant afin de "purifier son sang". Cette fille sans père causait son déshonneur mais cela valait mieux, dit-elle, que l’épilepsie. Elle l’a nourrie avec son seul sein gauche car du droit, atrocement mutilé, ne sortait que du sang. La guerre hante encore les jours et les nuits de Mme Bua, jusqu’à la berceuse qu’elle chantonne tendrement pour endormir sa petite-fille.
(Eva Ségal)
Descriptif technique
- Production
- Ateliers Varan/Vietnam, Association cinéma de Da Nang
- Participation
- Institut Goethe, Fondation Ford, Procirep
- Réalisation
- Thu Duong Mong
- Année
- 2011
- Durée
- 35'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Beaucoup de simplicité et de subtilité dans La Natte de Madame Bua de Thu Duong Mong : 32 minutes lui suffisent pour nous faire pénétrer ce petit monde. Les drames humains qui y sont évoqués sont à peine esquissés, pourtant ils nous apparaissent avec une grande clarté. Très vite, toute la chaleur qui unit ce petit monde nous entoure à notre tour. La caméra semble faire partie de ce cercle de voisins, elle s’intègre naturellement dans le groupe, le matin sur le pas de la porte de Madame Bua ou le soir autour de la table du repas en plein air. Elle capte la douceur de la lumière du soir ou celle, écrasante, du milieu de journée, tandis que les protagonistes vont et viennent en échangeant quelques mots. Pour finir, l’étrange berceuse de la grand-mère à sa petite-fille au moment de la sieste : il y est question de la haine pour les Français, de tirs entendus dans la nuit et de forêt où l’on va ravitailler les soldats en munitions et nourriture.
(Joël Gourgues, Médiathèque Pierre et Marie Curie de Nanterre)