Camille, jeune artiste circassienne installée sur une friche à Saint-Denis, a pris sous son aile deux enfants roms, un frère et une sœur de 13 et 11 ans, dont les parents partent à la dérive. Grâce à elle, Spartacus et Cassandra vont éviter d’être placés en famille d'accueil. Dépassant leurs doutes et difficultés, ils vont décider finalement de ne pas retrouver la rue avec leurs parents et apprendre, avec l’aide de la jeune femme et sous le regard constamment à hauteur d’enfants de Ioanis Nuguet, ce qui semble être le mieux pour eux en se tournant vers de nouveaux possibles.

Pour retranscrire la trajectoire de Spartacus, Cassandra et Camille, Ioanis Nuguet a monté ses images de façon impressionniste et fragmentaire, en soignant l’émergence d’une douce et poignante musicalité : conte documentaire, son film entrelace les images de la vie au chapiteau à celles des déplacements des enfants, face au juge, dans la rue, à l’école ou en pleine nature. Ponctuellement, les interventions en voix off des deux jeunes Roms révèlent leurs tiraillements intérieurs et leurs pensées intimes, d’une remarquable acuité ("La peur, c’est ce qui nous tient", note Spartacus quand il s'interroge sur ses liens avec les autres Roms). Très tôt, Cassandra sait exprimer la force de ce qu’elle refuse : "Je veux une maison, pas une prison", affirme-t-elle dans un poème chanté-parlé. Il faudra beaucoup plus de temps à Spartacus pour se défaire de la culpabilité qui le ronge à l'idée d’abandonner ses parents ne pouvant lui offrir qu’une très grande précarité. Du chapiteau finalement démonté jusqu’à un éden inattendu offert par leur fée Camille, les deux enfants vont conquérir leur liberté pour parvenir enfin à construire eux-mêmes leur avenir.

(Damien Truchot)