L'artiste Tony Brown s'approprie la culture technologique, cinématographique et urbaine de son temps pour construire des machines spectaculaires qui aliènent le spectateur. Ce portrait, qui intercale un montage rapide d'extraits de films de Godard, Welles ou Chaplin, et les commentaires de l'artiste sur ses travaux, souligne la fragmentation d'une œuvre à la fois visuelle, sonore et tactile.

Né à Londres en 1952, Tony Brown met en scène des machines complexes, métaphores des crises économiques et sociales qui menacent notre monde. La perception synesthésique que nous avons de ces dispositifs bien réglés, intégrant son, lumière et mouvement dans l'espace, introduit un sentiment de crainte devant la toute-puissance technologique. Devant Chute libre, machine sous pression composée d'une spirale en acier remplie d'air par un système de soufflerie, au mouvement accéléré ou ralenti, la menace d'un dérèglement pèse sur le spectateur. L'artiste projette aussi des images d'intérieurs modernes sur des maquettes en mouvement : ces espaces éclatés nous interpellent violemment en nous rappelant les confrontations sociales, parfois explosives, propres à la ville moderne.

(Annick Spay)