En Israël près de Beer-Sheva, un garçon de deux ans est retrouvé mort dans le puits d’un village bédouin. Dès les prémices de l’enquête, la police se persuade de la culpabilité de la mère, Ratiba, jugée mentalement instable. Durant 21 jours, elle est interrogée sans la présence d’un avocat, par une institution jouant de ses faiblesses pour obtenir ses aveux. À travers ce fait divers, Zohar Wagner dépeint le tableau de la condition des femmes bédouines dans une société patriarcale, face au système pénal israélien.  

21 Days Inside dissèque avec minutie les 21 jours d’enquête en mêlant plusieurs sources d'images, en premier lieu les séquences tournées par la police, au téléphone sur les lieux du crime, et par les caméras de surveillance dans les bureaux pour les interrogatoires. Face à ce réel institutionnalisé, la cinéaste intervient par des dessins, illustrant les conversations enregistrées dans la cellule de Ratiba avec de fausses détenues qui tentent de la faire parler. Par le biais de poupées, elle double aussi le déroulé de l'enquête par une narration candide, empreinte de mystère et retraçant le destin d'une femme bédouine qui pourrait être Ratiba, sous l'emprise de son père, de son époux et de sa belle-famille. En filigrane, Zohar Wagner analyse les maux qui gangrènent la société israélienne : le racisme (porté par la police sur la communauté bédouine et se répercutant sur ses méthodes d'enquête très discutables), l’homophobie (autour du dossier médical de l’enfant) et le sexisme (la dévalorisation de la parole féminine).

(Robin Miranda das Neves)

Prix Impact (doté par Images de la culture), FIPADOC 2020.