Devant un parterre d'élèves comédiens ou dans la maison de son enfance dans l'Hérault, Michel Galabru revient sur son inclassable carrière. Enrichi de témoignages de proches (sa fille Emmanuelle, Bertrand Tavernier, Bernadette Lafont...), le film dresse le portrait d'un comédien à l'incroyable longévité, qui admirait Guitry et Michel Simon, rêvait de Scapin et Figaro, mais dut souvent se contenter de rôles de cocus ou d'adjudants acariâtres.

Les Sous-Doués, Les Rustres, Le Juge et l'Assassin, Le Gendarme de Saint-Tropez, La Femme du boulanger, Le Trouble-Fesses, Uranus, C'est facile et ça peut rapporter... 20 ans, autant de titres qui témoignent pêle-mêle d'une carrière effectivement déroutante, débutée par un 1^er prix au Conservatoire de Paris, puis sept années à la Comédie-Française, d'une ribambelle de navets parfois "extraordinairement cons" (dixit l'intéressé lui-même), de collaborations avec Vilar, Tavernier ou Berri, de grandes comédies populaires, d'un César et d'un Molière, et même d'une rencontre récente avec le jeune cinéma d'auteur (Un Poison violent de Katell Quillévéré, 2010). Véritable "boulimique" (B. Tavernier), enchaînant les projets et capable de se renouveler à chaque fois, Galabru assume tout, le pire ("j'avais faim !" s'amuse-t-il), comme le meilleur. A 90 ans passés, son statut d'icône populaire définitivement établi, il continue inlassablement de travailler, et surtout, "de rêver".

(Damien Travade)