Animé d'une furieuse sympathie pour son sujet, Labarthe n'a pas résisté à la tentation de se distribuer dans le rôle de "l'homme au chapeau", observateur discret ou interlocuteur du héros, Philippe Joyaux dit Sollers. Ce portrait qui, par une approche plus thématique que chronologique, transgresse quelque peu le cadre habituel de la collection Un Siècle d'écrivains, voyage entre le Bordelais, New York et Venise.

Quelques rares photos (Sollers et Kristeva, Sollers dans les bras de sa mère) et une archive télévisuelle (Sollers au Paradis) sont les seuls témoins du passé de l'écrivain. Plutôt qu'à sa vie, c'est à ses obsessions (la musique, les femmes, le virtuel, la relation entre l'ouïe et la vue, le son et l'image), à son érudition (imposante bibliothèque, arsenal de références et citations) et à ses rituels, lieux et stratégies d'écriture que s'est attaché Labarthe. On apprendra toutefois que Sollers est né à Bordeaux en 1936. Que son premier roman, Une Curieuse Solitude (1958), le propulsa à l'âge de 22 ans dans le Paris littéraire. Et qu'il anima la revue Tel Quel (créée en 1960) "qui fut, pendant plus de dix ans, le lieu de tous les paris, de toutes les luttes littéraires et politiques".

(Myriam Bloedé)