En mai 1974, un banquier espagnol est enlevé à Paris. Pour les jeunes activistes du G.A.R.I. (Groupe d’Action Révolutionnaire Internationaliste), il s’agit de négocier la vie sauve pour cinq camarades espagnols condamnés au garrot. Alors que le banquier vient d’être libéré contre rançon, un indicateur infiltré fait tomber une partie du réseau. Mais la multiplication des attentats à la bombe au cours de l’été fera fléchir le régime franquiste.

Fils d’un couple de militants engagés dans ces événements, Nicolas Réglat entreprend, 40 ans plus tard (les faits sont prescrits), de faire témoigner les anciens du G.A.R.I.. Naguère anarchistes spécialistes de l’explosif et du braquage de banques, aujourd’hui joyeux sexagénaires n’ayant rien renié de leurs convictions passées, ils racontent les péripéties de l’an 1974 avec naturel, faconde, souvent fierté. L’un en astiquant sa chère carabine, les autres en préparant un bon plat dans leur cuisine à Toulouse, d’autres encore en revisitant les lieux d’un attentat spectaculaire. Quelques archives permettent de replacer leurs témoignages dans le contexte sanglant de la dernière année du règne de Franco, marquée notamment par l’exécution au garrot en mars 1974 de l’anarchiste catalan Puig Antich. Des séquences inspirées de la bande dessinée espagnole Rapto en Paris font aussi revivre les codes esthétiques de cette époque.

(Eva Ségal)