Silvano Castano part à la recherche des rares traces susceptibles de recomposer la carrière artistique et politique d’Asmahan, diva de la musique orientale aussi célèbre de son vivant qu’Oum Kalthoum, mais décédée tragiquement à l’âge de 26 ans en 1944. Au gré des rencontres, plusieurs documents viennent attester de la complexité de son itinéraire, sans percer entièrement toutefois les mystères de son implication dans les tensions de l’Histoire.

Syro-libanaise, fille du prince druze Fahd El Atrach, Amal est remarquée par le compositeur Daoud Hosni au Caire, qu’elle a rejoint avec sa famille après la mort de son père. C’est lui qui, fasciné par cette "voix qui vient du paradis", lui donne son nom de scène, Asmahan, la "Sublime". La fragilité de son timbre et sa beauté inouïe la distinguent, et plusieurs comédies musicales du début des années 1940 la rendent célèbre. Au centre de tous les regards du Moyen-Orient, elle attire également l’attention des hommes de pouvoir européens. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle joue les espionnes pour les Britanniques afin de faciliter l’invasion par les Alliés de la Syrie et du Liban, avant de se rapprocher des Allemands. Quasi oubliée en Egypte, la jeune femme apparaît pourtant au fil du documentaire comme une voix libre et indépendante, et les circonstances de sa mort restent mystérieuses. Cette enquête permet aussi de constater la façon dont un pays gère sa propre mémoire.

(Damien Truchot)