Philippe-Emmanuel Sorlin part à la rencontre du réalisateur Benoit Jacquot – ayant prétendument disparu – pour l’interroger sur sa carrière. Sur l’île de Salina, près de Naples, Jacquot évoque son adolescence à vocation cinéphile, ses liens avec Jacques Lacan et Marguerite Duras, ses choix de mise en scène. Outre de nombreux extraits de ses films, Sorlin montre Jacquot en action sur le tournage de son film Journal d’une femme de chambre (2015).

L’exemple des cinéastes de la Nouvelle Vague, la fréquentation de la Cinémathèque et celle de (futurs) rédacteurs des Cahiers du cinéma poussent Benoit Jacquot vers le cinéma vers la fin des années 1970. Ce metteur en scène qui se dit "opportuniste, au sens renoirien" a une carrière variée (cinéma, télévision, opéra) qui empêche de le situer précisément. Lecteur érudit, précis dans sa réalisation (il s’explique notamment sur son rapport au scénario, l’utilisation des optiques et des mouvements de caméra), proche de cinéastes marginaux, Jacquot est aussi un cinéaste "hollywoodien", comme le qualifie Sorlin en référence au cinéma classique. L’importance des acteurs, ou plutôt des actrices ("pour moi, les acteurs sont des actrices") dans son cinéma, l’interpénétration de sa vie amoureuse et de sa création restent fondamentaux pour le réalisateur qui, dirigeant le tournage en direct depuis un retour vidéo, cherche à ce que ses collaborateurs retrouvent le film "comme s’il préexistait".  

(Pierre Eugène)