Après Rome et Naples (Les Champs brûlants, 2010), Catherine Libert et Stefano Canapa poursuivent leur enquête sur le cinéma indépendant italien, sur les pentes neigeuses du Piémont et dans les rues de Turin. Ils vont à la rencontre de deux cinéastes unis par des liens familiaux : Tonino de Bernardi et son gendre Alberto Momo. Une nouvelle fois, le critique et penseur Enrico Ghezzi accompagne le film de ses réflexions sur le cinéma.

Les Chemins de traverse envisage l’Italie de la crise économique comme un laboratoire du devenir et de la résistance des cinéastes indépendants. Mais cette enquête est traversée par un autre motif qui prend ici toute son ampleur, celui des rapports entre le cinéma et la vie. Dans son appartement de Turin, Alberto Momo raconte comment la rencontre avec Tonino de Bernardi a rendu le cinéma possible pour lui. Possible, c’est-à-dire homogène à la vie. Marié avec Giulietta, la fille de Tonino, il construit ses films autour d’elle et de leur relation. Giulietta fut également le modèle de son père, que l’on retrouve en famille dans une vieille ferme, à quelques kilomètres de Turin. Tonino, ami de Taylor Mead, membre de la Factory de Warhol, est l’un des pères fondateurs du cinéma underground italien. Muni d’une petite caméra vidéo, il filme tout ce qui passe à sa portée, dans une fusion extatique avec le monde. Le tout sous l’œil expert de Stefano Canapa, virtuose de la pellicule 16 mm.

(Sylvain Maestraggi)