En réaction à la "crise de l'esprit" qui traverse tous les arts, Jean-Jacques Lebel importe le happening en Europe au début des années 1960. Conversant avec Dominique Païni et Arnaud Labelle-Rojoux, il retrace ici trente ans d'actions artistiques, illustrés de nombreuses images d'archives, et commente ses propres oeuvres, sculptures, peintures et collages.

Jean-Jacques Lebel (né en 1936) resitue le cadre de l'une de ses premières interventions : l'exposition Anti-Procès à Venise, avec Jean Tinguely, pendant et en réaction contre la guerre d'Algérie. "Il n'y a pas de style happening, dit-il, il y a autant de formes que de gens qui les font." Sous le signe de Marcel Duchamp, dans la sphère de la Beat Generation, Lebel organise dans des galeries ou à l'American Center, des laboratoires utopiques d'arts à venir. Poésie directe, action painting, musique... ces "assemblages translinguistique, transnational, transsexuel, transtout" ont vu le jour lors du Festival de la libre expression, puis dans le cadre de Polyphonix, sous l'oeil attentif de son ami Félix Guattari et dans la mouvance du mouvement Fluxus. "Après 68, ce n'est plus le sexuel qui fut obscène, mais le politique," dit-il encore.

(Marc Guiga)